L’histoire du projet…
Avec un de mes (super) clients, nous réfléchissions à la meilleure manière de donner vie à une idée de jeu de cartes permettant d’expliquer toutes les innovations mises en place pour limiter l’impact carbone du Ciment et du Béton dans leur processus de production.
Le timing est serré, le jeu qui fera environ 54 cartes doit être sorti de presse dans 3 mois.
Je propose donc une première idée de structure de carte qui présente au recto :
- Une icône explicitant l’idée à mettre en avant (process, produit ou innovation)
- Le titre de l’idée
- Les catégories associées avec des icônes
Et au verso une vraie photo de la solution ainsi qu’un petit texte descriptif.
La structure plait, je réalise les premières maquettes, mais je me rends vite compte que deux problèmes majeurs se posent :
- La création de la totalité des icones va me prendre beaucoup de temps
- Et surtout, le concept d’icône ne va pas permettre de refléter les subtilités des 54 idées. Par exemple il y a différents types de minéraux qui peuvent entrer dans une composition innovante et bas carbone du ciment et il va être compliqué de faire différentes icônes pour présenter ces différents minéraux qui se ressemblent beaucoup à première vue.
Là je me dis que le concept d’isométrique serait beaucoup plus adapté car permettrait plus de nuances et d’avoir un rendu visuel plus explicite. Mais je n’ai jamais vraiment créé d’isométrique, pour moi c’est plus un travail d’illustrateur 3D, donc en dehors de mon scope de compétences.
Et puis je me dis, tiens si j’allait tester mon abonnement MidJourney sur cette thématique…
L’arrivée de l’IA générative : L’idée MidJourney
Je réalise mon premier test avec un isométrique 3D représentant un «Cement Mill ». Autrement dit une sorte de grand tube destiné à pulvériser du minéral pour obtenir de la poudre de ciment. je me dis que c’est l’objet le plus complexe à faire réaliser par le système qui n’en a probablement jamais vu ou bien qui n’a jamais été entrainé sur ce type d’images. En effet, c’est un équipement industriel assez spécifique et on ne trouve que peu d’images sur internet.
Après une dizaine d’essais et en décrivant précisément ce que je veux j’obtiens ce rendu que je trouve parfait :
Il m’aura fallu spécifier (en anglais car je trouve que les résultats sont meilleurs ainsi)
- Le type de visuel attendu : ici un isométric
- La colorimétrie désirée : blue tone
- La forme de l’engin : cylinder with spikes
- Le contexte industriel de l’image
Je suis émerveillé de voir la facilité avec laquelle le système à traité cette demande très complexe. Aucun doute, il n’y aura pas de problème pour générer les autres isométriques.
Quelques techniques utilisées : PAO & Prompts
Je commence donc à générer l’ensemble des autres images d’une part et d’autre part je crée un template InDesign pour le document final.
Voici le process de travail complet :
- Génération d’isométriques sur MidJourney et Idéogram
- Détourage et retouche de l’isométrique sur Photoshop
- Ajout de l’isométrique sur le template InDesign préréglé pour l’imprimeur avec le titre, les catégories (pour le recto) et la photo ainsi que les descriptions (pour le verso)
Concernant la génération et les prompts :
- Technique n°1 : Décrire simplement le rendu attendu à Midjourney « An industrial cement mill»
- Technique n°2 : Si la technique n°1 ne donne pas de rendu satisfaisant description précise de l’objet à générer en isométric « Wide industrial cylinder with small spikes »
- Technique n°3 : Mix du prompt et d’une image puis ajustement du poids de chaque entrée avec l’utilisation du paramètre –iw
- Pour les rendus nécessitant du texte, passage à Idéogram puis à la Beta V6 de Midjourney qui est arrivée en cours de route (coup de chance)
- Puis détourage, retouche sur Photoshop pour les détails (en utilisant ici encore les options d’IA Générative de Photoshop)
Que penser de cette expérience ?
J’ai pris énormément de plaisir à réaliser ce projet. Avec MidJourney, j’ai vraiment eu l’impression de travailler avec quelqu’un. C’est comme si j’avais eu un partenaire de création ce qui m’a permis d’étendre énormément le champ des possibles, de tester, de faire des erreurs et de recommencer le tout quasiment instantanément.
Alors évidement cela pose beaucoup de questions.
1 Les IA génératives vont-elles tuer certains métiers ?
A la lecture et à la vue du projet, il est possible de se demander si ce projet n’a pas pris le travail d’un illustrateur 3D qui aurait pu être intégré dans la boucle de création.
Ici la réponse est non car le timing et le budget alloués à ce projet ne permettaient pas d’intégrer une tierce personne. Sans MidJourney, j’aurais dû faire au mieux en créant des icones sur Illustrator pour chaque idée pour chaque catégorie dont certains auraient été réutilisés pour les idées trop similaires pour permettre des variations (les minéraux utilisés, les différents process de démolition, les différents types de ciments…)
En somme, ce projet n’aurait pas été aussi abouti sans MidJourney, ici la machine à étendu mon potentiel créatif sans pour autant remplacer un humain.
Mais que penser dans le cas d’un projet plus large ? Le risque est ici bel est bien présent car il faut bien avouer que le rendu est très impressionnant et très satisfaisant. De même, la capacitée à générer des dizaines de variations d’une image en quelques minutes est également très pratique afin de définir ce qui va le mieux coller à l’idée ou au concept que l’on souhaite représenter.
Un argument en faveur des humains : il est très difficile d’obtenir « exactement » ce que l’on veut avec les systèmes génératifs. Je dis bien « exactement » car la précision est bonne mais pas parfaite. Pour un projet plus large, une bonne façon de fonctionner pourrait être de générer des MoodBoards avec Midjourney puis de définir une direction artistique précise à faire réaliser par un illustrateur 3D.
Néanmoins ces systèmes évoluent vite et il y a fort à parier qu’au moment où vous lirez ces lignes, ils seront encore meilleurs. J’ai été particulièrement impressionné du passage de la V5 à la V6 qui comprenait beaucoup mieux mes souhaits tout en me permettant de générer du texte (bye bye Idéogram).
2 Alors que faire ?
Pour ma part j’adore travailler avec ces systèmes car comme je l’ai dit plus haut, ils étendent le champ de possibles. Une baleine sur la lune ? Aucun problème.
Je trouve ça tout simplement génial. Je comprends néanmoins aussi tout à fait la levée de bouclier d’une partie de la profession. Que cela concerne des problèmes de droit d’auteur (des créations sur lesquelles ces modèles ont été entrainés) ou bien des problématiques de « remplacement ».
C’est un sujet vaste et complexe, mais ces outils sont là et ce n’est que le début… Comme à chaque révolution technologique la meilleure chose à faire reste encore de s’adapter et d’en tirer le meilleur parti.
Le débat reste ouvert…
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